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Peter Djabani Pias, Chef du village.
« Tous ces gens qui meurent, c’est devenu un problème aussi important que la pluie,
mais ça n’est pas le sida. C’est la tuberculose ou la malaria. »
« Non, ici il n’y a pas encore le sida ».
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Il avait 20 ans.
A l’hôpital de Zomba, ex-capitale du pays.
Faute de traitement, il est mort deux jours après la prise de cette image.
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Catherine, 35 ans.
Elle a eu trois maris. Ils sont tous les trois morts du sida.
Elle a le sida. Elle pense avoir la tuberculose.
Ses forces diminuent, elle ne peut plus travailler, et, depuis quatre mois, elle ne peut plus manger.
Elle laissera quatre enfants.
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Nanjazi, 3 years old. He is HIV positive and his mother too. They don’t know it. It may also be the case for his four brothers and sisters. At the hospital, test results are not given out because the taboo is too strong. Sick people would rather believe they have another illness.
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Les orphelins.
Ils sont 700 000. Leurs parents sont morts du sida.
Sans cellule familiale, ils n’ont pas accès à la terre, ni à l’éducation.
20 % ne vivent pas leur cinquième année.
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Aïve, 20 ans.
Elle est enceinte. Son enfant naîtra ici, chez l’accoucheuse traditionnelle.
Il n’y aura pas de test. Ils ne sauront pas s’ils sont séropositifs.
Plus d’une femme enceinte sur trois est porteuse du virus.
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Magada Belouka, grand-mère.
Elle avait cinq enfants. Trois sont morts du sida. Elle vit avec ses petits enfants.
Sans terre, aveugle, elle ne peut plus travailler. C’est Chesta, 13 ans, qui a la charge de la famille.
Domestique depuis qu’elle a huit ans, elle ramène 5 Euros par mois.
Ils n’ont pas l’argent nécessaire pour acheter des vêtements pour aller à l’école.
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Nakabougo, grand-mère.
Elle élève 19 orphelins. Ses fils sont morts du sida.
Leurs épouses ont abandonnés leurs enfants.
Ainsi, personne ne saura qu’elles sont veuves et sûrement séropositives.
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Suzen Chacuamba, 29 ans.
Ses parents sont morts. Son mari est mort.
Elle s’occupe de ses quatre frères et soeurs, et de son fils.
« J’aimerais me remarier, mais les hommes fuient quand ils voient les enfants… »
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Des écolières.
Beta, Kessina, Fanetchitsa et Mathilda ont entre 13 et 16 ans.
Elles ont toutes eu leur premier rapport sexuel à 10 ou 11 ans. Sans protection.
Les jeunes filles sont à la merci des plus âgés, les vieux du village, leur professeur…
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Gloria, 17 ans.
Elle se prostitue. Pour gagner un peu plus, elle ne se protège pas.
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Kénicé, 23 ans.
Il est en prison. Il a le sida et aucun traitement.
Ici, ces 5 derniers mois, 35 personnes sont déjà mortes du sida.
40 à 50 % de la population carcérale est séropositive.
L’homosexualité est très forte en prison mais c’est un tabou. Il n’y a donc pas de prévention.
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Michael, 6 ans.
Sa mère est séropositive :
« Je lui en parle, je lui dit que je vais partir, mais il ne comprend pas vraiment…
il dit seulement : « Je t’aime Maman » ».
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James et Kate, 6 et 8 ans.
James est séropositif. Ses parents sont morts.
C’est Kate, sa cousine, qui s’occupe de lui. Elle le nourrit, le lave, le soigne.
Elle espère qu’il sera docteur. Mais il n’a pas de traitement, il mourra bientôt.
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Amos Banda, 9 ans.
Il a le sida. Toute sa famille est morte.
Il a été recueilli par ses voisins. A l’école il était le premier de la classe…
mais il n’y va plus. Il n’a même plus la force de manger.
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Rina, 17 ans.
Elle se shoote à l’héroïne depuis deux mois : « Tout le monde essaye » .
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Iona, 17 ans.
C’est la mode alors elle se shoote. Cela fait quatre mois.
Elle est boulangère et a une fille de 5 ans. Elle n’a pris connaissance des risques que depuis un mois.
Avant elle ne savait pas.
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Natacha et Nastia, 16 ans.
Elles n’ont qu’une seringue pour deux. Elles se prostituent pour vivre.
Natacha est depuis six ans dans la rue, Nastia a perdu un enfant à la naissance, il y a un an,
à cause de sa consommation d’héroïne pendant sa grossesse.
Elles vivent dans un squat à cinq dans un lit.
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Andreï, 20 ans.
Il a été toxicomane pendant cinq ans. Il est séropositif.
Le service des maladies infectieuses de l’hôpital Botkin de St Petersbourg n’a pas de médicament, pas de trithérapie.
Mais c’est un refuge pour lui. Faute de traitement, ils ne sont que quatre dans ce service.
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Sacha, 47 ans.
Il est séropositif depuis huit ans. Il y a un an, il était mourant.
Aujourd’hui il reçoit une trithérapie pour un an. Il n’en a pas les moyens. C’est un laboratoire belge qui teste ses produits sur lui.
Les résultats sont très bons. «Le traitement ne sera pas prolongé. Le laboratoire veut faire ses tests sur un autre.
C’est déjà une chance de l’avoir eu un an…».
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Sergueï, 27 ans.
Il est séropositif. Il a été dépisté dans les dix premiers à St Petersbourg, en 1996.
Il a arrêté l’héroïne, «pour ne pas mourir tout de suite». Sa pension de l’Etat est de dix dollars par mois.
Alors, il n’a pas de traitement et il vit dans le métro.
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Né sous X, six mois.
«Ce sont des enfants de criminels, de drogués.
Ils se drogueront et seront des criminels, pourquoi voulez vous qu’on les soigne…».
Aux abords de St Petersbourg, un orphelinat. Ces enfants sont séropositifs et abandonnés par leur parents.
Ils ne sont pas soignés et le personnel de l’hôpital trouve ça normal.
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Marcella, 39 ans.
Elle travaille à l’usine. Elle fabrique de l’AZT.
Le Brésil fabrique et distribue gratuitement à sa population des médicaments génériques en traitement contre le sida.
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Kiko, 41 ans.
Il a appris il y a une semaine qu’il avait le sida.
« Dieu et les médicaments me donnent espoir. »
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Andreia et Marcos, 27 et 36 ans.
Ils sont séropositifs. Ils se sont rencontrés au centre de distribution de trithérapies.
Ils se sont mariés il y a un an. « Parfois on se dispute, et je vois combien elle est forte…
on est à nouveau dans la vie maintenant. »
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Pola, 35 ans. Elle est séropositive depuis neuf ans.
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Josefa, 32 ans.
Son premier mari et leur fille sont morts du sida, il y a huit ans.
Elle s’est remariée. Luis est séropositif aussi. Ils ont décidé d’avoir quand même des enfants.
Luis-Filip et Kevin ne sont pas séropositifs.
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Adriano, 10 ans.
Il y a trois semaines il était encore à l’hôpital, aujourd’hui il va bien.
« J’ai une amoureuse : c’est Gabriella. C’est elle qui me l’a dit ».
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Talita, 11 ans.
Elle est séropositive.
On a dit qu’elle vivrait 3 ans. Puis on a dit qu’elle vivrait 5 ans. Puis 7…
Alors maintenant on dit : « Elle vivra. »
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Kidson, 2 ans.
Il est né séropositif aux tests.
Parce que sa mère a reçu de l’AZT pendant sa grossesse,
les tests sont négatifs depuis quatre mois…
SILENCESIDA est une série de trois volets consacrée à l’inégalité de l’accès aux traitements et aux conséquences d’un véritable fléau. Tout en s’inscrivant dans la continuité des problématiques de santé, Samuel Bollendorff propose une écriture photographique personnelle sur la maladie.
Au-delà de la tradition du reportage, la série SILENCESIDA est uniquement constituée de portraits d’individus au regard tourné vers l’objectif, accompagnés de quelques mots, simples, sur leur condition de malade.
L’horreur des injustices face à l’accès aux soins se lit dans les textes, l’humanité dans la dignité de leurs regards.
Prix spécial de la Fondation Hachette 2002
Remarqué au Prix Kodak de la Critique en 2002
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Il est vraiment déroutant de constater que la vie, nos vies, dépendent de « bonnes volontés » de gouvernements, ou de multi-nationales ; la Thaïlande est également passé outre les brevets et produit sa propre trithérapie, en représailles des laboratoires ont décidé de ne plus livrer certains de leurs médicaments…